Avant l’aurore, chronique zen au petit jour
Au monastère, la journée commence tôt. Réveil à 6h, ou 5h15 si nous avons des responsabilités particulières, comme celle de préparer le petit-déjeuner rituel pour la communauté zen. Pour ma part, j’ai pris l’habitude d’émerger des limbes aux alentours de 4h. Ainsi, au cœur de la nuit, deux longues heures peuvent se déployer. Des heures calmes, préservées, enthousiastes ( du grec « enthousiasmos : habité par Dieu »). Des heures dédiées à certaines de mes activités favorites : yoga, écriture, promenade en forêt.
A 4h du matin, de ce côté-ci de la planisphère, le monde dort. La forêt toute proche bruisse délicatement.Les yogis considèrent ces heures comme les plus favorables à la pratique spirituelle : des instants simples où les âmes des animaux elles-même se reposent. C’est l’heure où le ron-ron de l’esprit se met en route au ralenti, comme animé de sa propre énergie, puisant dans la solitude une tranquillité bienfaisante.
Avant l’aube donc, je profite et rend grâce. Comme nous, bouddhistes, ne croyons pas à un Dieu créateur, j’adresse mes louanges à l’Invisible. A ces forces qui nous meuvent, à ce mystère qui anime l’ensemble, à cette énergie inconnue qui vient juste de faire ré-apparaitre mon chat, petit noctambule rentrant de java, l’air innocent.