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Zen quotidien

Scoop ! Une nonne bouddhiste s’énerve dans les embouteillages !

A l’heure des départs en vacances, la question qui taraude le lecteur du #HuffingtonPost est sans doute la suivante : est-ce que, oui ou non, les moines bouddhistes restent zen dans les embouteillages? Et celle-ci : aurons-nous un jour la surprise de voir un ascète au crâne rasé péter un câble sur l’autoroute du Sud ? (Hypothèse hautement improbable au demeurant sachant que ledit méditant part rarement en vacances sur la côte d’Azur. Mais bon, autant se poser la question. Sinon, nous risquons fort de ne pas trouver de réponse. Ce qui serait pour le moins gênant. Non?)

En réfléchissant un peu – malgré la chaleur estivale – ce thème du zen automobile nous invite à aborder deux notions voisines mais tout autant essentielles, à savoir: 1. Les bouddhistes ne sont pas parfaits, 2. Mais ils font des efforts.

Tentons donc de structurer ci-dessous une pensée plus pétillante qu’un Spritz frelaté en terrasse d’une paillote ardéchoise. Et si vous constatez que le propos est plutôt décousu, rassurez-vous, ce n’est pas faute à la boisson sus-mentionné mais à des neurones en mode « vagabondage estival ».

Les bouddhistes ne sont pas parfaits…

Voici qu’au moment d’aborder ce thème, une sorte de pudeur intérieure freine mes doigts sur le clavier: dois-je vraiment tout révéler ? Dois-je me faire le chantre de la dés-idéalisation bouddhiste ? Dois-je ôter à tout un peuple ce rêve de moines zen impassibles et bienveillants, contemplant le monde d’un œil chaleureux ? Quel dilemme !

Mais mon honnêteté sera la plus forte. Voici donc venu le moment du coming out : je l’avoue, j’ai entendu – les esgourdes toutes ébahies – une nonne bouddhiste lâcher une bordée de jurons aux abords de Strasbourg, alors que le périphérique apparaissait, au loin, noir de monde et parsemé de feux arrières clignotants. « Putain de bordel de m…!! ». Je l’ai d’autant mieux entendue avouons-le, que le son provenait de ma propre bouche, avec des relents d’accent parigot du plus bel effet.

Mea culpa ! Me voici donc aussi piteuse que Bill Clinton devant le Congrès américain pendant l’affaire Monica. (NB: référence datant de cette période ancienne autant qu’étrange ou j’avais encore la télé… désolée pour les jeunes lecteurs qui peuvent aller étudier ce monument du psychodrame collectif étasuniens sur Wikipedia… ou pas…)

Pour résumer donc : la nonne a brisé le précepte de la « parole juste« , pourtant énoncé par le Bouddha lui-même, il y a plus de deux millénaires, comme préalable à une vie éveillée. Alors bien sûr, à l’époque, les embouteillages n’existaient pas et, même s’il est difficile de faire bouger un éléphant, les routes n’étaient pas encombrées de pachydermes assoupis bloquants l’accès aux villes (lesquelles n’existaient pas non plus au demeurant). Mais je ne vais pas chercher d’excuses. Malgré de – loooooongues ;-) – années de pratique intensive de la méditation: j’avais les nerfs!

Et c’est tant mieux! Car comment nous bouddhistes, pourrions-nous être crédibles pour parler de la gestion des émotions si nous avions le ressenti d’une amibe ? Comment pourrions-nous conseiller telle ou telle pratique en phase avec le XXIème siècle, si nous vivions dans une grotte sans Whatsapp ? (on me signale dans l’oreillette que c’est pas la peine de faire la maligne avec une application dont on vient de découvrir l’existence il y a moins d’une semaine… soit).

…mais ils font des efforts (cf « la rentabilisation des moments de creux »)

Alors me voici là, dans ma petite auto, aux heures de pointe, aux abords de Strasbourg. Sans climatisation, j’ai d’un côté la joie de ne pas polluer, de l’autre le bonheur d’avoir un sauna gratuit. Et puis – et c’est là que la pratique bouddhiste intervient – j’ai surtout une longue plage de temps devant moi pour développer la patience !

Car l’énervement préalable a vite cédé le pas à ce qu’on pourrait appeler une « rentabilisation des moments de creux ». Le principe est tout simple: dès qu’un moment vide apparaît, en profiter pour ressentir la respiration, se reconnecter au corps ou observer l’apparition-disparition des émotions. Dans les embouteillages, en faisant la queue dans un magasin, en attendant le chargement d’une page web, en patientant au téléphone pour joindre la SNCF. Les occasion de pratique chaque jour sont très très nombreuses ! Imaginez, par exemple: votre belle-mère raconte pour la énième fois ses vacances en Thailande – l’épisode fameux de la plongée avec les mérous – sans se demander si ce thème pourrait avoir l’heur d’intéresser son auditoire. Qu’à cela ne tienne! Vous vous recentrez sur vous et profitez de ce (très) long récit pour travailler à votre évolution personnelle. Pour un peu votre belle-mère deviendrait votre alliée sur la Voie du Bouddha ! Quel changement de paradigme n’est-ce pas ?

Avec cette pratique de « rentabilisation des moments de creux », les creux se transforment en vagues puissantes nous déposant sur les rives du moment présent. Les embouteillages peuvent devenir des espaces de silence intérieur, et l’autoroute du Sud comme une première étape, un ralenti nécessaire, pour s’harmoniser au lent battement du temps des vacances. Enjoy !

 

Et pour profiter encore plus de ces moments de calme, à la plage ou à la montagne: découvrez le livre plein d’humour de Kankyo Tannier «  Ma cure de silence, et si on essayait le calme » (Editions First). Un livre rempli d’anecdotes, d’exemples et d’exercices tirés de la vie quotidienne, pour apprendre en s’amusant. Un ouvrage mêlant sérieux et bonne humeur, spiritualité et univers 2.0.

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