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Zen quotidien

La ferme Kibo, un écolieu spirituel : pourquoi maintenant ?

Il y a quelques années, j’ai découvert par hasard les vidéos de Pablo Servigne, Jean-Marc Jancovici ou Arthur Keller sur les effets du changement climatique. Sur la base d’études scientifiques comme celles du GIEC, ils nous alertent sur de nombreux effondrements à venir : niveau de vie, pénuries de ressources, difficultés d’accès à l’eau potable, coupures internet et/ou électriques régulières etc. Et, dans ce futur inédit, les pays les plus pauvres seront les plus touchés. Certains effondrements, peut-être moins visibles, se sont d’ores et déjà produits, et donnent froid dans le dos : ces quarante dernières années, 60 % des espèces de mammifères sauvages ont disparu.

En prenant conscience de tout cela, j’ai commencé par perdre courage et suis restée hébétée pendant plusieurs mois. J’avais eu foi dans le progrès, l’évolution technologique et me retrouvait au pire dans Mad Max, au mieux dans un avenir fait de low tech, de travail de la Terre et de traction animale. Puis, au milieu de ce désespoir ( qui porte le doux nom d’éco-anxiété ) une idée a surgit des limbes, comme un mantra : «  Faire du mieux possible dans le temps qui nous reste ».

J’ai mesuré aussi, avec acuité, l’importance d’avoir pour ancrage une pratique de Zazen ( méditation ) concrète, traversant un corps de chair et d’os, et nous ramenant inlassablement dans l’expérience du moment plutôt que vers des projections anxiogènes.

Munie de ce viatique inestimable, et du soutien énergique de mon maître, j’ai décidé de me mettre au travail. C’est ainsi que nous avons créé la Ferme monastique Kibo en 2020, avec un collectif de personnes d’horizons divers : pratiquants du zen, du bouddhisme tibétain et aussi non-bouddhistes sensibles à la cause animale et à la spiritualité.

Ce lieu est situé à 300 mètres du temple bouddhiste Ryumonji, en Alsace. Il accueille des retraitants tout au long de l’année, qui s’engagent à suivre exactement l’emploi du temps du monastère. Les zazen, cérémonies et repas s’y déroulent, ainsi que les sesshins ( retraites intensives ). Les personnes qui sont logées à la Ferme Kibo participent à ses activités pendant le samou : soin aux animaux, travail au jardin, bricolage etc.

Le lieu a pour particularité d’être également un refuge pour animaux âgés ou sauvés des abattoirs. Il y a pour le moment 15 chevaux, 4 lapins et 11 chats issus de divers horizons. Le « petit » Kentho a rejoint la ferme en juin 2021. Il pèse déjà 900 kg et c’est un beau cheval de trait ardennais âgé de deux ans, que nous sommes entrain de dresser, tranquillement, pour le travail en forêt ou aux prés.

En novembre dernier, nous avons planté un jardin-forêt en suivant les principes de la permaculture : 300 arbres et arbustes sur 1/2 hectares. Et notre projet 2023 est la construction d’une serre Walipini ( semi-enterrée, autonome ) de 80 M2.

La Ferme Kibo dispose de 14 hectares de terres agricoles ou forêts et nous sommes entrés avec détermination dans une démarche où les mots d’autonomie, de résilience alimentaire et de sobriété sont essentiels.

Mais, cette orientation ne pourrait se faire de façon paisible sans la pratique de zazen, qui rythme nos journées, guide nos choix et nous donne la flexibilité intérieure que la période requiert.

Kibo signifie l’espoir en japonais, et nous avons ce voeu – rempli d’espoir – pour les années qui viennent : que l’être humain retrouve l’unité avec l’ordre naturel des choses, grâce à la pratique spirituelle.

Www.kibo-zen.org

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